12 janvier 2009

L’INDUSTRIE FORESTIÈRE ET LE DÉVELOPPEMENT DURABLE

Vous êtes-vous déjà demandé de quoi avait l’air le décor forestier à l’époque des premiers arrivants? Une forêt vierge s’étendant jusqu’à perte de vue, de la grande plaine jusqu’aux rives… C’est ainsi que, dès leur arrivée, les premiers colons ont vite compris qu’ils avaient accès à une grande richesse qui, à première vue, leur paraissait inépuisable, voire incommensurable. Toutefois, l’ère de l’industrialisation contribua à amenuiser l’idée de grandeur que ceux-ci avaient de cette richesse, jusqu’à prendre rapidement conscience de la fragilité de notre écosystème. Nous nous trouvons donc à la croisée des chemins, c’est-à-dire que le moment est arrivé où les enjeux environnementaux forcent nos gouvernements à modifier la législation et ainsi, obligent l’industrie forestière à emboîter le pas en modifiant ses méthodes et en cherchant de nouvelles façons d’exploiter la richesse collective qu’est la forêt.

Au Québec, parmi toute la législation qui touche de près ou de loin à l’environnement et qui a une incidence directe sur l’industrie forestière, c’est la Loi sur le développement durable L.R.Q., chapitre D-8.1.1, qui est la plus lourde de conséquences, en ce qu’elle chapeaute toutes les autres lois en la matière par son large objet qui se retrouve à l’article 1 de la Loi. Cette Loi permet, en outre, d’engager un débat ouvert lors des séances d’information et des audiences publiques visant l’octroi ou pas d’autorisations requises par les entreprises pour des projets ayant un impact environnemental prévisible. Ainsi, l’on ne peut s’en sauver. Cette Loi est un étalon de référence en matière de développement durable pour les entreprises opérant au Québec. Cependant, cette Loi, bien qu’empreinte de bonne volonté, demeure sans dents, c’est-à-dire sans amendes ni recours.

Mais qu’est-ce que le développement durable? Il « s’entend d’un développement qui répond aux besoins du présent sans compromettre la capacité des générations futures à répondre aux leurs. Le développement durable s’appuie sur une vision à long terme qui prend en compte le caractère indissociable des dimensions environnementale, sociale et économique des activités de développement ». Cette Loi dicte ainsi la voie à suivre, une voie inévitable que tous doivent prendre. Le développement durable force donc la société québécoise à innover et à trouver les moyens d’exploiter ses ressources en harmonie avec les dimensions environnementales, sociales et économiques. Plusieurs entreprises ont déjà amorcé le tournant et elles visent toutes un avenir prospère tout en respectant au maximum ce but.

Prenons comme exemple une petite municipalité de l’Ontario de 6 000 habitants, le virage de la ville de Hearst qui, après des pertes massives d’emplois, décide d’orienter son économie vers la « Bio économie ». Une prise en charge commune par la municipalité et des entreprises locales, lesquelles s’unissent pour créer cette nouvelle économie en accord avec le principe du développement durable. Ils ont dû changer radicalement leur façon d’exploiter les ressources. Au lieu de se déplacer toujours de plus en plus loin pour aller chercher des arbres, ils ont décidé de faire pousser du saule dans le but de produire de l’éthanol, une énergie qui a l’avantage et la prétention d’être plus verte que le pétrole.

Cela dit, les exemples comme Hearst ne sont pas isolés, et nous sommes témoins d’un mouvement d’actions concrètes visant l’essor économique de nos régions tout en valorisant notre environnement. Nous pourrions parler de l’utilisation de la biomasse provenant des boisés incendiés ou du recyclage des débris forestiers dans la production d’énergie ou de produits de secondes transformations.

Bien qu’un grand nombre d’entreprises forestières éprouvent des difficultés sans précédent dans l’histoire de cette industrie, il n’en demeure pas moins que l’espoir pour ce secteur de l’économie est toujours présent et même grandissant. Ce sera l’innovation qui contribuera à donner de l’espoir de voir une industrie forestière grandissante et florissante comme autrefois. Toutefois, à la condition de ne pas emprunter sur la part des générations futures. Pour cela, l’on doit faire preuve d’ingéniosité et voir comment nous pourrons surmonter le défi de taille que représente cette nouvelle dynamique environnementale qui incite tout un et chacun à adopter une conscience verte vers le développement durable. Il s’agit maintenant d’être opportuniste, créatif et d’emboîter le pas du développement durable.

Louis Tremblay, avocat

© Simard Boivin Lemieux, 2014. Tous droits réservés.

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